L'Offensive Sciences de la Région métropolitaine trinationale (RMT) du Rhin supérieur est le premier instrument trinational de financement de projets dans le domaine de la R&D. Cette initiative unique en Europe a été lancée le 10 octobre 2011 par le biais d’un premier appel à projets, dont les résultats ont été officiellement annoncés le 4 juillet dernier.
Soutenu à la fois par le programme de coopération territoriale « Interreg IV Rhin Supérieur » et par des fonds régionaux des Länder allemands du Bade-Wurtemberg et de la Rhénanie-Palatinat, et de la Région Alsace, ce dispositif innovant ambitionne de financer et d’accompagner des projets de recherche et d’innovation transfrontaliers d’excellence.
Le premier appel à projets a remporté un vif succès auprès des acteurs scientifiques de la RMT puisque pas moins de 36 projets ont été déposés. Seuls sept d’entres eux ont été sélectionnés le 22 juin dernier par le Comité de suivi Interreg. Six de ces projets impliquent des laboratoires de l’Université de Strasbourg et le septième implique l’Institut clinique de la souris.
Six projets impliquent des chercheurs de l'université
Trois projets lauréats sont portés/coordonnés par l’Université de Strasbourg:
L'Université de Strasbourg est également partenaire des projets suivants :
L’Offensive Sciences offre jusqu’en 2015, une perspective de financement d’un volume global de 15 millions d’euros pour des projets de recherche transfrontaliers au sein du Rhin supérieur. D’autres appels à projets seront donc a priori régulièrement publiés. L’équipe de la Cellule Europe de l'Université de Strasbourg assure une veille active sur les opportunités de financements européens, au service de la communauté scientifique et ne manquera pas de vous informer du prochain appel Offensive Sciences. Toute l’équipe vous apporte également un accompagnement dans le montage de vos projets, comme cela a été le cas pour les lauréats de cette première édition Offensive Sciences.
Anne-Isabelle Bischoff
Le projet intitulé « Manifestations bucco-dentaires des maladies rares : perspectives diagnostiques et thérapeutiques », lauréat de l’appel à projets Offensive Sciences, vise à améliorer le diagnostic de maladies rares et la prise en charge des patients atteints. L’angle d’étude est original : la cavité bucco-dentaire, ses malformations et ses anomalies.
Les pathologies ou anomalies bucco-dentaires sont souvent l’expression très peu connue de maladies d’origine génétique rares, dont le diagnostic par l'identification des gènes impliqués est difficile. « Les aspects bucco-dentaires sont souvent négligés parmi tous les symptômes d’une maladie rare, or cela est important d’apporter des soins, des solutions et des réponses aux patients, souligne Agnès Bloch-Zupan(1). C’est pourquoi, je suis ravie que ce projet ait été sélectionné par l’Offensive sciences, car ce financement(2) permettra d’améliorer la connaissance de ces pathologies, la qualité des diagnostics, l’accès aux soins et la prise en charge des patients concernés ».
Ce projet innovant par sa dimension transfrontalière et sa pluridisciplinarité a pu voir le jour grâce à l’enthousiasme des différents partenaires(3), et à l’appui de la cellule Europe, de même que de la Satt Conectus Alsace®. « Les maladies rares n’ont pas de frontière ! Travailler sur ces maladies implique forcément une dynamique collaborative. Notre consortium s’est donc mis en place assez naturellement », commente la chercheuse. Il rassemble à la fois des cliniciens, des chercheurs, des associations de malades et de professionnels de santé et associe des approches cliniques, bioinformatiques, génétiques et biologiques.
Les maladies rares n'ont pas de frontière
Concrètement, l’un des objectifs est de constituer et consolider des cohortes transnationales de patients, et ainsi de collecter des données plus significatives. Des familles dites informatives pourront également être identifiées plus facilement. Des outils bioinformatiques seront partagés, comme la base de données mise en place par le Centre de référence des manifestations odontologiques de maladies rares des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, et développée plus avant pour répondre aux besoins du projet, et ainsi stocker les informations accumulées.
Un autre volet sera l’identification des bases moléculaires liées aux pathologies, afin de développer de nouveaux outils de diagnostic et thérapeutiques. « Notre projet s’appuie sur une stratégie de recherche translationnelle, c’est-à-dire du laboratoire au lit du malade et vice-versa », explique Agnès Bloch-Zupan. Des modèles animaux (souris ou poisson zèbre) seront construits, afin d’étudier le profil d’expression et le rôle de gènes mutés et identifiés pour certaines pathologies. « On sait également faire pousser des dents de souris dans des boîtes de Pétri et ainsi suivre le développement étape par étape. L’idée sera par exemple d’étudier le développement des dents de souris malades et de tester l’effet de candidats médicaments. »
Anne-Isabelle Bischoff
(1) Professeur de l’Université de Strasbourg, praticien hospitalier des Hôpitaux universitaires de Strasbourg affiliée à l'Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire
(2) Cofinancement composé de fonds régionaux et européens
(3) Universitätsklinikum Freiburg, Région Alsace, GIE Centre Européen de Recherche en biologie et en médecine (CERBM), Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, Université de Strasbourg, Hypophosphatasie Europe, Oberrheinische Zahnärtztegesellschaft, Ministerium für Wissenschaft, Forschung und Kunst Baden-Württemberg, Ministerium für Bildung, Wissenschaft, Weiterbildung und Kultur des Landes Rheinland-Pfalz, Universität Heidelberg
C'est grâce à une démarche originale d’analyse de différents types de films documentaires produits dans la région du Rhin supérieur entre 1900 et 1970, que Christian Bonah et ses collaborateurs proposent d'étudier l'évolution des sociétés de part et d'autre du Rhin. Zoom sur le projet intitulé « Projections du Rhin supérieur. Mémoire, histoire et identités dans le film utilitaire, 1900-1970 » lauréat de l’appel à projets Offensive Sciences.
Porté par Christian Bonah(1), ce projet rassemble également de nombreux partenaires franco-allemands(2), chercheurs et institutions du film, et notamment des historiens de l’université. « Ce projet a pu voir le jour grâce au financement Offensive Sciences et à l’accompagnement de la Cellule Europe dans son montage, précise Christian Bonah. Nous sommes toujours en veille par rapport aux appels à projets qui peuvent nous permettre de mener à bien nos travaux. » Car comme le chercheur le mentionne, un projet de recherche se construit autour d’un subtil équilibre entre l’identité du chercheur et ce qu’il souhaite faire, et les contraintes de terrain et financières.
Concernant, le cœur du projet, « les films utilitaires, par opposition aux films de fiction ou de divertissement, sont des films éphémères, qui ont une utilité précise à un temps donné. Par conséquent, leurs messages sont rapidement périmés/erronés, explique Christian Bonah. Ces films disparaissent au fond des cartons, des caves, etc., et plus personne n’en parle. Tout l’intérêt de ce projet est de ressusciter ces films parfois commandités et/ou réalisés par des grands noms, et d’en exploiter les contenus. »
Les chercheurs s’intéressent à quatre catégories de films : amateurs, industriels, pédagogiques et télévisuels. À travers des modes de représentations variés, ces films fabriqués de part et d’autre du Rhin, constituent des supports idéaux pour observer l’évolution des représentations qu’une société donnée se fait du monde et d’elle-même. « En effet, ces films reflètent souvent les préoccupations de la société à une époque donnée, parlent de la vie quotidienne et témoignent de l’intérêt de la population pour un sujet particulier », illustre le chercheur.
Des films, reflet d'une société
Durant les trois ans à venir, trois thématiques seront étudiées (une par an) en croisant différents types de films produits de part et d’autre du Rhin, à des époques variées entre 1900 et 1970 : « autour du vin », « la propagande » et enfin « santé et produits de santé ».
Pour chaque thématique, il s’agira d’identifier et d’analyser des films d’origines différentes. Pour ce faire, de nombreux partenariat sont engagés avec des institutions détentrices de films. D’autres avec des industriels sont entrain de se former. « Il existe un océan de films utilitaires inédits, méconnus et passionnants. Cette catégorie de films est dix fois plus importante que les films de divertissement », s’enthousiasme Christian Bonah. Les résultats de cette analyse seront présentés à la communauté scientifique mais également au grand public. « Un cycle de projections publiques aura lieu à chaque printemps dans des lieux non universitaires. Nous souhaitons ainsi partager le fruit de nos recherches, susciter une réflexion sur ce que veut dire être allemand, français, européen à travers l’histoire et avoir un regard croisé sur un passé commun ». Une première soirée de projections inaugurale aura lieu début novembre à Strasbourg et à Heidelberg.
Anne-Isabelle Bischoff
(1) Professeur en histoire des sciences de la vie et de la santé à l’Université de Strasbourg, rattaché à l’Irist-LESVS, EA 3424 (Laboratoire d’épistémologie des sciences de la vie et de la santé), DHVS (Département d’histoire et de philosophie des sciences de la vie et de la santé)
(2) Notamment les Pr Eckart et Dr Osten de l'Institut d'histoire de la médecine à l'Université de Heidelberg, le Dr Sumpf, maître de conférences de l'Unistra (EA 3400 - Arts, histoire et civilisation de l'Europe) et Mmes Gozillon-Fronsacq et Sibieude de l'association MIRA.
Le projet intitulé « Neurogenèse et neuroprotection pour la prévention des troubles neurologiques ou la restauration des fonctions neurophysiologiques » est l’un des sept projets d’excellence lauréats de l’appel à projets Offensive Sciences. Tout l’enjeu de ce programme de recherche est de mieux comprendre les mécanismes pathologiques conduisant aux lésions nerveuses responsables des maladies neurodégénératives, telles que la maladie d’Alzheimer et des neuropathies sensorielles ou motrices, afin de trouver des solutions thérapeutiques permettant de les prévenir ou de les réparer.
Pour le professeur Guy Mensah-Nyagan, coordonnateur du projet Offensive Sciences, celui-ci s’inscrit dans une démarche globale de recherche menée depuis plusieurs années guidée par une même interrogation : « Comment protéger le tissu nerveux, le réparer ou à défaut le régénérer » ? Toute altération du système nerveux par mort cellulaire, destruction de la gaine de myéline, etc., entraîne un dysfonctionnement et des symptômes différents chez les patients, en fonction de la zone touchée : des troubles moteurs ou sensoriels ou encore des troubles cognitifs. Or, à l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement efficace pour lutter contre les maladies neurodégénératives, et les médicaments utilisés induisent de nombreux effets secondaires.
Neuro-Rhine, un consortium dédié à la neuroprotection
Au sein de l’équipe « Stéroïdes, neuromodulateurs et neuropathologies », Guy Mensah-Nyagan et ses collaborateurs conduisent une recherche pluridisciplinaire et translationnelle (du laboratoire au malade) dans le but d’identifier de nouvelles stratégies thérapeutiques contre les neuropathologies, et en particulier contre les neuropathies chimio-induites. Les chercheurs étudient notamment le rôle des neurostéroïdes dans la neuroprotection et la neurogenèse. « Pour multiplier les chances de trouver de nouveaux candidats-médicaments efficaces et sans effets secondaires, il était nécessaire d’élargir nos recherches à de nouvelles familles de molécules », explique Guy Mensah-Nyagan. Or selon le chercheur, la seule façon de réussir ce type de projet où il faut étudier de nombreuses molécules pour arriver à dégager quelques candidats, est de mettre en place une collaboration pérenne rassemblant des compétences complémentaires. Ainsi, un consortium trinational baptisé Neuro-Rhine* unique au monde a été créé coordonnant les efforts de spécialistes reconnus dans des disciplines complémentaires. « En réunissant nos expertises, outils et plateformes technologiques, nous pourrons synthétiser, tester et optimiser de nouveaux composés neuromodulateurs. Nous souhaitons ainsi contribuer au rayonnement mondial de la Région du Rhin supérieur dans le domaine de la neuroprotection et de la lutte contre les maladies neurodégénératives », conclut Guy Mensah-Nyagan.
Anne-Isabelle Bischoff
* Équipe Stéroïdes, neuromodulateurs et neuropathologies (Pr Mensah-Nyagan AG), Unité de Physiopathologie et médecine translationnelle, EA-4438, Université de Strasbourg ; Laboratoire d’Innovation thérapeutique (Dr Bourguignon JJ), CNRS-Unistra, UMR7200 ; Laboratoire de Chimie organique synthétique (Dr Miesch M), CNRS-Unistra, UMR 7177 ; Molekular- & Zellbiologie (Pr Schmitt M) Universitat des Saarlandes, Saarbrucken, Germany ; Institute of Anatomy and Cell Biology (Pr Hoffmann HD), Universitat Freiburg, Germany; Neurobiology Research Laboratory (Pr. Eckert A), Universitat Basel, Switzerland ; Laboratoire d’Imagerie et neurosciences cognitives (Dr Mathis C), CNRS-Unistra, UMR 7237 ; Privileged Collaborator: Dept Neuroscience, ROCHE (Dr Kremer T), Basel, Switzerland
Dans le cadre du volet animation scientifique de l'équipement d'Excellence Équip@Meso, une journée de formation intitulée « Chimie et sciences de la vie : de la simulation numérique au HPC » aura lieu à l'Université de Strasbourg le 18 octobre 2012. Cette journée a pour but de présenter différents usages, tendances, et challenges du High performance computing ou HPC dans les thématiques scientifiques en question.
Équip@meso (Équipement d’excellence de calcul intensif de Mésocentres coordonnés - Tremplin vers le calcul pétaflopique et l’Exascale) associe dix partenaires universitaires et académiques, nationaux et régionaux, dont l’Université de Strasbourg via son méso-centre de calcul opéré par le pôle HPC de la Direction informatique. La finalité de ce réseau coordonné par Genci (Grand équipement national de calcul intensif) est de faire, partout en France et chaque fois que possible, du calcul intensif et de la simulation numérique un vecteur de développement scientifique et économique. Dans cette optique, une journée de formation est organisée le 18 octobre prochain à l’Université de Strasbourg à destination des chercheurs. De nombreux scientifiques viendront témoigner de l’intérêt de la simulation numérique et du HPC dans leurs projets de recherche.
A.-I. B.
Le groupement d’intérêt scientifique (GIS) Mondes germaniques souhaite promouvoir l’initiative des doctorants et post-doctorants dans le domaine de la recherche. Il lance à ce titre un appel à projets pour les jeunes chercheurs autour d'ateliers interdisciplinaires.
Ces ateliers pourront ainsi concerner l’ensemble des disciplines représentées par les équipes de recherche fédérées dans le GIS. Ils devront être organisés autour d’une thématique précise et faire appel à la coopération d’au moins une équipe du GIS, ainsi qu’à des partenaires d’un ou plusieurs pays de langue allemande ou internationaux.
Sur le plan pratique, ils bénéficieront d’un financement à caractère incitatif d’un montant de 1 000 à 2 000 euros. Les ateliers devront avoir lieu avant novembre 2013.
Le prix Guy-Ourisson : pour les jeunes chercheurs
Pour la cinquième année, le Cercle Gutenberg, dont l'une des missions est de stimuler la recherche scientifique en Alsace, propose de remettre le prix Guy-Ourisson à un chercheur « de moins de 40 ans menant des recherches très prometteuses » dans la région. Ce prix est doté de 20 000 euros et s'adresse à tous les champs disciplinaires. En parallèle, cette année encore, la Fondation Université de Strasbourg financera un prix de 10 000 euros destiné à un jeune chercheur sélectionné par le Cercle sur les mêmes critères.
Les chaires Gutenberg : pour des chercheurs de niveau international
Les chaires Gutenberg visent à faciliter l'accueil de chercheurs de niveau international invités par des établissements d'enseignement supérieur et de recherche alsaciens durant un an. Tous les champs disciplinaires sont éligibles. Les titulaires d'une chaire bénéficient du prix Gutenberg, de 10 000 euros (attribué personnellement), et d'une dotation financière spécifique de 50 000 euros (attribuée à l'unité d'accueil et affectée au projet de recherche).
Les licences en 2011/2012 à l'Université de Strasbourg
Envoyez votre info à lactu@unistra.fr avant le mercredi 26 septembre midi pour une parution le vendredi 28 septembre 2012.
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